Le parc national du Grand Paradis
Situé à cheval sur le Piémont (48%, répartis sur deux vallées) et en Vallée d’Aoste (52%, sur trois), jouxtant la Vanoise, le Grand Paradis, premier Parc National italien, fut inauguré le 3 décembre 1922, sur les 2100 hectares de chasses offertes par Victor Emmanuel III. En 1856, oeuvrant pour la protection de l’emblématique du bouquetin, le roi Victor Emmanuel II déclara réserve royale, les montagnes de son fief. Cette mesure fut suivie de la mise en place d’un Corps de Gardes spécialisés et conduisit à la réalisation des kilomètres de chemins muletiers qui sillonnent, encore aujourd’hui, les arcanes du domaine ; 150 kilomètres reliant les différents pavillons royaux entre eux en permettaient un accès facile tandis que 175 constituaient une ramification vers les guérites des Gardes ou les postes de chasse.
Serti de massifs aux noms prestigieux tels que le Mont Blanc, le Mont Rose et le Cervin, ce merveilleux site, l'un des plus beaux des Alpes, offre au promeneur averti toutes les richesses dont la nature l'a généreusement doté. Une faune variée, aujourd'hui protégée, y trouve refuge, gîte et couvert. Il n'est pas rare que le randonneur surprenne l’animal dans son intimité. Le paysage recèle également des trésors de verdure et de géologie : mélèzes, pins aroles, épicéas, genévriers, rhododendrons, sureaux, myrtilles, gentianes… On peut observer toutes sortes d'essences jusqu'à une altitude de 2300 mètres. Au-delà, ne subsistent plus que quelques espèces végétales, dont le représentatif edelweiss, cher aux montagnards, pour laisser place aux roches et aux glaciers.
La montagne n'est jamais « ni tout à fait la même ni tout à fait une autre », comme dirait le poète. Elle change d'habits et de visage au rythme des saisons, tour à tour rouge, verte, mordorée ou d’un blanc immaculé l'hiver venu. Ambiances, couleurs, odeurs et comportements animaliers diffèrent selon les saisons, invitation au vagabondage sans cesse renouvelée.
L'eau fait ici partie intégrante du paysage : fontaines, torrents, lacs, ruisseaux, cascades bouillonnantes sont autant de démonstrations de son omniprésence. Source de vie, on sait que là où l’eau coule, dans un torrent ou en pluie au cœur de l'orage, l'herbe et les fleurs surgissent de terre, nourrissant les animaux.
Le bois est une des matières les plus exploitées dans l'architecture alpine. Il sert à la fabrication des charpentes et de certains murs, des portes et des bordures de fenêtres. L'architecture valdôtaine conjugue lignes simples et sobriété extrême des matériaux de construction comme de décoration, témoignant du tempérament de la population montagnarde. L'œil de l'observateur est, d'emblée, attiré par l'agencement des poutres maîtresses, longues et imposantes, enchâssées aux quatre angles du bâtiment comme un jeu d’assemblage à l'ancienne. Certaines ont plusieurs siècles et il n’est pas rare d’y lire une inscription : la tradition était alors de graver la date de construction, le nom du propriétaire, ses initiales ou un logotype faisant office de signature. Le toit, entièrement couvert de lauzes, nécessite une charpente solide, capable de résister à une forte pression, les dalles de pierre pesant leur poids !
La pierre est, elle aussi, partout présente. « Domestiquée » par les hommes qui en ont fait une alliée, c'est avant tout l’élément de prédilection utilisé pour bâtir les maisons d'alpage. Celles-ci en sont habillées du sol au plafond : les murs, faits de gros blocs taillés à même la roche montagneuse ; la toiture, hérissée de pavés plats. On la trouve également le long des sentiers de montagne ainsi que sur certains ponts traversant les torrents ou encore en travers des routes pour faciliter l'écoulement des eaux de pluie et éviter le ravinement.
La pierre est, certes, l'auxiliaire des êtres humains, mais elle est, en de nombreuses occasions, celle des animaux. Certains s’installent non loin; c’est le cas de la marmotte dont on devine la présence aux terriers creusés sous la roche, au bord du chemin ou au milieu des prairies. D'autres y trouvent refuge, comme les insectes ou les amphibiens, se cachant dans les interstices des murets qui conservent la chaleur et constituent un rempart infranchissable par leurs prédateurs