L’archipel de Kodiak :
L’archipel de Kodiak se situe dans le golfe de l’Alaska, à 400 kilomètres au sud d’Anchorage, et comprend 16 îles majeures. Il s’étend sur 300 kilomètres de long et 100 kilomètres de large et possède une superficie de 8000 kilomètres carrés. L’archipel est la continuation de la chaîne des montagnes de la péninsule de Kenai, à 140 km plus au nord.
Kodiak :
L’île de Kodiak est la plus grande de l’archipel, avec une superficie de 5750 kilomètres carrés. Elle est séparée du parc national de Katmai (sur le continent) par le détroit de Shelikof, large de 50 km. Depuis 1941, les deux tiers de l’île sont classés en « Kodiak National Wildlife Refuge », où prospèrent près de 2300 ours bruns (3000 sur l’ensemble de l’archipel) et 600 couples de pygargues à tête blanche (un juvénile ci-dessous).
Outre la ville de Kodiak de 13 000 âmes, il n’existe que sept villages dans l’archipel : Ouzinkie (225 habitants), Port Lions (256 habitants), Larsen bay (115 habitants), Hold Harbour (237 habitants), Karluk (24 habitants) et Akhiok (51 habitants). Ces communautés isolées ne sont accessibles que par avion ou bateau. En effet, le réseau routier ne s’étend que sur 160 km autour de la ville de Kodiak. L’archipel est habité depuis 7500 ans par les Indiens Alutiiq, qui se rapprochent sur le plan linguistique et culturel des esquimaux de la mer de Béring. Leur culture perdure dans l’archipel, notamment au travers de l’Alutiiq Heritage Foundation.
Le port de Kodiak est l’un des trois plus importants des Etats-Unis pour la pêche commerciale : crabe et saumons principalement. Plus de 770 bateaux de pêche y sont amarrés. Le record de prises a été réalisé en 1995 avec 49 millions de saumons du Pacifique capturés autour de l’archipel ! Cette industrie emploie plus de la moitié de la population active de l’archipel. Kodiak est également une base importante pour les garde-côtes américains.
Afognak et Shuyak :
A cinq kilomètres au nord de cette île, Afognak est le prolongement direct de Kodiak. Pour atteindre ses forêts denses peuplées d’ours bruns et de cervidés, il vous faudra traverser les eaux qui séparent Afognak de Kodiak, ou de Katmai : des bras de mer riches en plancton, en poissons et, par conséquent, en mammifères marins. Peut-être aurez-vous la chance d’admirer les sauts spectaculaires des immenses baleines à bosse, de photographier les dos de baleines grises et marsouins de Dall, résidents des eaux du Pacifique nord. Rorquals communs, petits rorquals, épaulards (orques), baleines à bosse, phoques et loutres de mer entourent également Afognak et Shuyak.
Parc national et réserve de Katmai :
Créé en 1918, le parc national de Katmai bénéficie d’une grande réputation, que ce soit pour sa vallée des Dix Mille Fumées (formée à la suite de l'éruption du Novarupta en 1912), pour ses nombreux volcans ou pour ses deux mille ours bruns. Comme bon nombre de territoires en Alaska, c’est une immense zone sauvage, difficile d’accès et une approche en voilier est certainement le plus grand luxe qu’un naturaliste puisse s’offrir dans ces contrées. En longeant cette côte accidentée, via les bras de mers qui s’enfoncent dans le parc en formant d’immenses baies, vous aurez toutes les chances d’observer les espèces emblématiques de la réserve, aussi bien en mer que sur la terre ferme, ou dans les airs. Amalik Bay, Hidden Harbor, Kinak Bay… autant de spots pour l’observation des ours bruns, en nombre sur les plages, au premier plan d’un paysage marqué par des chaines de volcans. Fort à parier que les baleines, dauphins et quelques milliers d’oiseaux de mer suivent votre navigation !
Des saumons pour les ours :
L’ours brun Ursus arctos est l’espèce d’ours la plus répandue à travers le monde, avec une vaste répartition dans la zone tempérée, depuis l’Alaska, en passant par l’Europe jusqu’en Sibérie orientale et le Japon. À ce jour, huit sous-espèces sont reconnues pour une population mondiale estimée à 150 000 individus (le grizzli est le nom employé pour désigner les ours bruns d’Amérique du Nord, en particulier ceux vivant à l’intérieur des terres et ne se nourrissant pas de saumons).
L’Alaska abrite 70% des populations d’ours bruns en Amérique du Nord, entre 35000 et 45000 individus. Trois secteurs géographiques connaissent de forte densité : l’île de l’Amirauté (1500 ours), le parc national de Katmai (2000 ours) et l’archipel de Kodiak (3000 ours).
L’ours Kodiak Ursus arctos middendorffi partage sa réputation de plus gros ours brun au monde - les mâles peuvent atteindre le poids de 800 kg - avec l’ours du Kamtchatka Ursus arctos beringianus, dans la péninsule volcanique de Sibérie orientale. En Europe, les ours les plus gros vivent dans les Carpates roumaines où certains pèsent plus de 400 kg. En Europe méridionale (Abruzzes, Trentin, Espagne et Pyrénées), les ours sont plus petits. Dans les Pyrénées, les ours pèsent rarement plus de 200 kg.
Des saumons à profusion :
L'Amérique du Nord possède 5 espèces de saumons du Pacifique : le saumon royal, Chinook ou King ; le saumon argenté, le Coho ou Silver ; le saumon rouge, le Sockeye ou Red ; le saumon chien, le Chum ou Dog et enfin le saumon rose, le Pink ou Humpy. Un sixième membre s'apparente aux saumons par ses gènes, la Steelhead : il s’agit en fait de la variété maritime de la truite arc-en-ciel.
Les scientifiques appellent le saumon du Pacifique Oncorhynchus, ce qui en latin signifie "bec crochu", à cause de la mâchoire incurvée à l'aspect féroce qu'ils développent pendant la période du frai. Les 5 espèces du groupe Oncorhynchus partagent deux caractéristiques uniques : ils vivent à la fois en eau douce et en eau salée, et ils meurent tous après la reproduction. La belle couleur rose de la chair du saumon est d’origine génétique, mais elle peut varier en fonction du régime alimentaire : une abondance de crevettes provoque une couleur plus vive qu'une prédominance de harengs.
Les saumons sont des poissons dits "anadromes", ce qui signifie qu'ils éclosent en eau douce, puis migrent en mer où ils vivent l'essentiel de leur vie d'adulte. Les saumons adultes passent entre un et sept ans dans l'océan, selon l'espèce et leur provenance géographique. Ils retournent ensuite en eau douce pour frayer. En Alaska, les saumons qui remontent dans leurs eaux natales sont en général âgés de quatre à six ans. Après avoir frayé, tous les saumons adultes meurent. La décomposition de leur corps produit de la nourriture pour les prédateurs et des engrais pour le sol. La nouvelle génération stationne en eau douce plus ou moins longtemps selon l’espèce : les Kings, les Silvers et les Reds passent entre une et trois années en eau douce avant de partir vers la mer ; les Pinks et les Chums descendent vers l'océan dès qu'ils ont consommé leur sac vitellin.
La remontée des saumons dans les rivières a lieu de juin à octobre. Elle diffère selon les espèces : juin-juillet pour le saumon royal ; août pour le saumon rouge ; août-septembre pour le saumon rose ; septembre pour le saumon argenté ; septembre-octobre pour le saumon chien. C’est un spectacle saisissant car des millions de saumons envahissent les rivières au point de les noircir… ou de les rougir dans le cas du saumon rouge ! La pêche commerciale a lieu en mer ou dans les estuaires avant que les poissons n’entament leur transformation physique en eau douce. Cette saison faste profite à tous les carnassiers de l’Amérique du Nord, qu’ils soient de plumes ou de poils. Le grizzli se repaît, selon l’époque, soit des saumons frais et vigoureux, soit d’individus à moitié décomposés, soit de saumons morts gisants au fond des lacs, qu’il récupère au terme d’une apnée de plusieurs secondes.
Quelques espèces observables durant votre cabotage :
Mammifères terrestres : le grizzly, le renard roux, l’hermine et la loutre de rivière (plus difficiles à observer), le campagnol nordique, le cerf mulet ou cerf de Sitka, la chèvre des neiges, le rat musqué, le castor d’Amérique, l’écureuil roux, le spermophile arctique, le lièvre d’Amérique. Le wapiti ne peut être vu que sur les îles Afognak et Raspberry.
Mammifères marins : le phoque commun, l’otarie de Steller, la loutre de mer, tous les trois résidents. Plusieurs espèces de baleines (baleine grise, à bosse, bleue, etc.) et dauphins (orques, marsouin de Dall…), petits rorquals.
Oiseaux : pygargue à tête blanche, aigle royal, harle huppé, plongeon imbrin, macareux huppé et cornu, guillemot à lunettes, guillemot colombin, guillemot de Troïl, marbré, labbe pomarin, puffin fuligineux, mouette tridactyle, océanite à queue fourchue, cormoran pélagique et à face rouge, sterne arctique, huîtrier, eider de Steller, etc…