L’esprit
La rencontre avec le peuple khmère est une leçon d’humilité. Nous ne revenons pas indemnes d’un tel voyage. Victimes d’un des génocides les plus terribles de ces dernières décennies. Chaque personne rencontrée n’est que sourire et pudeur. S’arrêter le temps d’un regard, d’un échange, ou d’une rencontre de quelques heures apporte son lot de bonheur. Nous apprendrons à apprivoiser leur gentillesse avant d’immortaliser ce regard dans votre mémoire et votre appareil photo.
Savoir-vivre et coutumes
Comme partout en Asie, de ne jamais s'énerver et de ne surtout pas élever la voix ni de se faire menaçant. Ce genre de comportement fait perdre la face à un Cambodgien, et il vous en gardera rancœur.
Il est très mal vu de contredire quelqu'un. Si votre interlocuteur se trompe, ne le lui faites pas remarquer.
On ne se serre pas la main et on s'embrasse encore moins. Pour saluer quelqu'un, portez vos mains jointes au-devant de la poitrine si vous êtes face à un égal. Si vous saluez un supérieur, joignez les mains devant le visage. Mais si c'est un dieu, alors là, levez bien haut les mains jointes au-dessus de la tête.
Rester pudique dans son habillement : les touristes torse nu dans les lieux publics sont très mal vus (à juste titre !), et le nudisme sur la plage, n'en parlons pas. Lors de la visite des temples, il s'agit bien sûr d'être décemment vêtu, couvert des épaules aux genoux (pour les hommes comme pour les femmes).
La politesse est très importante. En public, il convient d'appeler une personne par son nom précédé de « monsieur » ou « madame ». Appeler les gens directement revient à dire : « Viens ici mon chien. »
Il est mal vu de critiquer la famille royale et le roi. Plus qu'un homme politique, il est le symbole de l'unité et des traditions khmères.
Il est de coutume de donner de l'argent aux vrais mendiants, surtout les personnes âgées et mutilés de guerre (nombreux), qui n'ont rien d'autre pour vivre. Un billet de 500 riels suffit. Ici, la radinerie est une honte (surtout celle des Occidentaux).
Au Cambodge, un Blanc fauché est un anachronisme. Avec une dégaine de clochard, vous perdriez toute considération ! Les Khmers attendent des Occidentaux qu'ils correspondent à l'image qu'ils se font des peuples riches. Ne cherchez pas à changer cette vision des choses et sachez qu'une personne propre et digne est ici mieux respectée qu'un routard négligé... Ce n'est pas de l'intolérance, mais une tradition basée sur des règles élémentaires de politesse et de respect des autres. Ne jamais toucher la tête d'une personne (même d'un enfant), ce geste étant considéré comme une injure. En revanche, les Cambodgiens déambulent volontiers en se tenant par le petit doigt. Ne pas montrer les gens du doigt. Dans les temples, contourner le Bouddha par la gauche, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Ne pas s'asseoir dos au Bouddha et ne pas pointer ses pieds dans sa direction, c'est très mal vu. En aucun cas une femme ne doit toucher un moine, sinon celui-ci perdrait tous ses mérites acquis. Toujours demander l'autorisation avant de prendre une photo de quelqu'un.
Brève histoire du Cambodge
Les ancêtres des cambodgiens sont présents dans cette région du monde depuis au moins 5000 ans, peut être beaucoup plus.
Au tout début de l’ère dite commune, émergea sur un espace équivalent au sud du pays actuel et au delta du Mékong, un vieux royaume : celui du Founan.
Les marchands chinois qui y voyagèrent alors pour commercer, notent dans leurs chroniques, notent dans le royaume, la présence de cultes religieux provenant des indes.
Ce phénomène garde sa part de mystère, mais il repose probablement sur les nombreux échanges qui existaient alors entre le sous continent indien et l’Asie du Sud Est dont on a très longtemps sous estimé l’ampleur.
Au royaume du Founan, va ensuite succéder à partir du VIème siècle, un autre grand royaume : le Chenla.
Les souverains Khmer du Chenla rendent un culte fervent au roi des dieux, venu des indes : Shiva. Ils lui bâtissent de nombreux temples, sur un modèle préfigurant celui d’Angkor.
Au VIIème siècle le royaume du Chenla se divisera en deux entités distinctes :
Le Chenla de Terre au nord et celui de l’Eau au sud.
En 802, le roi Jayavarman II fonde dans la région d’Angkor, ce qui deviendra plus tard l’empire Khmer.
L’empire se développe et au fil des siècles, son territoire s'étend considérablement, en partant du Chenla et allant jusqu’au Laos et à la Malaisie.
Ainsi s’est formé ce qui sera l’état le plus puissant d’Asie du Sud Est.
Les temples battis dans la capitale atteignent une splendeur inégalée, au premier rang desquels Angkor, le temple ville, qui dresse haut dans le ciel ses grandioses tours de grès bâties en quinconce.
L’empire Khmer connait une ultime embellie sous le règne de Jayavarman VII, le plus célèbre des monarques angkoriens bâtisseurs, mais de nombreux affrontements avec ses voisins minent déjà le royaume.
Le déclin s’amorce à partir du XIIIème siècle. Les Thaïs envahissent l’empire et mettent Angkor au pillage en 1431.
La royauté cambodgienne se réfugie alors dans le sud du pays, dans la région de Phnom Penh.
Des européens, Portugais, Néerlandais font escale dans le royaume, mais le Cambodge reste soumis à la pression de ses voisins et son territoire est menacé.
En 1863, la France place la monarchie sous protectorat et le pays est alors incorporé à l’Indochine française pour près d’un siècle.
Le roi Norodom Sihanouk obtient l’indépendance de son pays en 1953.
Mais le Cambodge sera alors emporté dans la terrible guerre en 1970, qui permettra l’avènement du sanglant et tristement célèbre Pol Pot et des Khmers rouges, responsables de la mort de millions de cambodgiens.
Des accords de paix sont signés à Paris en 1991 et le pays depuis entame un lent redressement économique.