Inde Le Garwhal, trek aux sources du sacré

Bienvenue en Inde ! À notre arrivée en Inde, accueil par notre guide-accompagnateur francophone. Transfert de l’aéroport à notre hôtel et installation pour la nuit (ou fin de nuit selon l'heure d'atterrissage).

Accueil chaleureux par notre équipe locale et départ vers la gare de Delhi pour embarquement en train vers Haridwar. De notre wagon, la campagne indienne défile, nous laissant le temps de nous reposer du vol international. 

À notre arrivée, courte route jusqu'à Rishikesh. Rishikesh est située dans les contreforts de l'Himalaya, à environ 25 km au nord de Haridwar et environ 45 km de Dehradun, la capitale de l'Uttarakhand. 

Selon la légende, le roi Bhagiratha aurait apporté le fleuve sacré du Gange sur terre depuis les cieux afin de permettre à ses ancêtres d'obtenir le salut. Haridwar aurait également été sanctifiée par la présence de trois dieux : Vishnu, Brahma et Shiva.

Haridwar fait partie de l'un des quatre lieux sacrés avec Nasik, Ujjain et Allahabad, qui accueillent le plus grand pèlerinage au monde : la Kumbh Mela, qui signifie "la fête de la jarre sacrée". On dit même que Vishnu a laissé son empreinte de pied sur un rocher du ghat principal (l'Har-Ki-Pauri) qui serait recouvert par le Gange. C'est à cet endroit qu'une goutte de l'élixir immortel, "Amrita", aurait été versée depuis la jarre sacrée.

Cette cité, implantée à la confluence de la rivière Chandrabhaga et du Gange, est considérée comme la capitale indienne du yoga. Temps calme d’initiation au yoga et à la méditation dans un ashram, puis nous allons assister à la Ganga Aarti du soir sur les ghats. Accompagnée de chants religieux, cette émouvante cérémonie consiste, pour les pèlerins, à allumer une bougie ou diya, petite lampe à huile, au creux d’une feuille de bananier remplie de fleurs, puis cette offrande est déposée délicatement sur les eaux du grand fleuve qui l’emmènera au loin vers la mythique Bénarès et l'océan Indien, alors que redoublent incantations et tambours, dans une ambiance de ferveur irrésistible. 

Haut lieu de méditation et de spiritualité, Rishikesh est traversée par les eaux sacrées, encore translucides, du Gange. Dans son écrin himalayen, la ville baigne dans une lumière particulière. Point de départ de grands pèlerinages hindouistes, Rishikesh se trouve à quelque 300 km au sud de Gaumukh, littéralement "bouche de vache", qui est la source glaciaire du Gange et du temple sacré de Gangotri. 

Parsemée d'ashrams et de temples, Rishikesh est connue pour être la capitale mondiale du yoga. En 1968, les célèbres Beatles ont séjourné à Rishikesh , contribuant à diffuser cette popularité internationale. La ville a été rendue célèbre par les célèbres Beatles qui y ont séjourné quelques mois en 1968 pour y recevoir les enseignements d'un yogi. La plupart des chansons du White Album fut composée là-bas.

Nous nous enfonçons dans le labyrinthe des hautes vallées de l’Uttarkhand : petites routes tortueuses, collines tapissées de jungle et raides versants en terrasses. En chemin, une visite insolite : le temple troglodytique de Koteshwar, sanctuaire hindou implanté depuis l'Antiquité dans une grotte dominant les eaux vertes de l’Alaknanda, et dédié au dieu Shiva. Nuit à Rudraprayag, autre fameuse ville de confluences, puisque ici l’Alaknanda, l’un des deux principaux affluents du Gange, rencontre et se mêle à la rivière Mandakini.

Ce matin, nous entamons une belle route longeant principalement la rivière Alaknanda, un des principaux affluents du Gange. La route offre des vues magnifiques sur les gorges, les torrents, et les vallées encaissées. La végétation devient plus alpine à l’approche de Joshimath, avec des forêts de conifères, tandis que les montagnes deviennent plus imposantes. Nous atteignons le point de départ de notre premier trek vers Hemkund Sahib : important site de pèlerinage sikh. Nous marchons jusqu’à Ghangaria ou Ghangria (3100 m). Le chemin, bien pavé et parfois agrémenté d’escaliers, offre une montée progressive à travers une végétation luxuriante, des cascades rafraîchissantes et des ponts en bois.

À savoir : nous commençons notre voyage volontairement par ce premier trek car aux premières neiges le site ferme pour la saison hivernale.

Aujourd’hui, nous restons à Ghangaria pour une journée d’acclimatation à l’altitude. Ghangaria est situé à environ 3100 mètres d’altitude et il est crucial pour la suite du voyage de consacrer du temps pour que nos organismes s’acclimatent à l’altitude. Nous veillons à bien nous hydrater et à rester attentifs aux signaux de notre corps.

Ghangaria est entouré de montagnes boisées et baigné par les eaux vives de la rivière Pushpawati. Nous profitons de notre journée pour marcher tranquillement dans les environs. Les sentiers autour du village offrent de beaux points de vue sur la vallée, des bosquets de rhododendrons et quelques cascades.

Une belle journée pour prendre le temps, respirer, observer les détails de cette nature himalayenne, siroter du chai et échanger avec des pèlerins croisés sur les chemins. Si nous le souhaitons, nous pouvons aussi visiter le petit temple local

En fin de journée, l’air devient plus frais et les lumières dorées enveloppent le village. Demain, nous monterons vers Hemkund Sahib, à plus de 4 000 mètres.

Nous partons pour un aller-retour vers les hauts pâturages et le lieu de pèlerinage sikh insolite d’Hemkund Sahib (le “Bol de neige”), situé à 4330 mètres d’altitude (selon certaines sources autour de 4500 mètres). Ce temple sacré pour les populations du Pendjab est dédié à Guru Gobind Singh (1666-1708), le dixième gourou sikh. Il est adossé à un lac glaciaire, entouré de sept sommets, chacun surmonté d’un Nishan Sahib — un drapeau triangulaire orné du khanda, symbole du sikhisme, une religion née au XVe siècle au Pendjab, aujourd’hui cinquième religion du monde avec 30 millions de fidèles, fruit d’un croisement entre hindouisme et islam.

Au sommet, le Gurdwara (temple sikh) est un imposant édifice construit en forme de dôme, tout en blanc, qui se reflète dans les eaux du lac sacré en contrebas. Bien que le monument date des années 1960, il reste impressionnant et attire chaque année près de 150 000 pèlerins. L’atmosphère y est unique, entre ferveur religieuse et beauté spectaculaire : foule de turbans colorés et de barbes imposantes, rituels de baignade dans l’eau glacée du lac, et cadre austère de haute montagne. Le sanctuaire est dédié à Guru Gobind Singh, et il abrite une grande flamme éternelle, symbolisant la lumière divine et la sagesse.

Nous redescendons ensuite à Ghangaria, car il est interdit de passer la nuit sur place. La journée représente environ 12 km de marche (6 km aller, 6 km retour) pour un dénivelé positif et négatif compris entre 1200 et 1400 m, soit 7 à 8 heures de marche au total.

Ce matin, nous reprenons le sentier pour descendre Govind Ghat où nous avons entamé cette randonnée. Nous avons ensuite une courte route (moins d’une heure) pour rejoindre la cité sainte de Badrinath et poursuivre notre chemin légèrement plus au nord pour découvrir Mana. Surnommé le « dernier village indien », le village est perché à 3200 mètres d’altitude, à environ une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau de la frontière tibéto-chinoise. Ce village, habité par l’ethnie bhotia, est profondément marqué par les grandes mythologies indiennes, notamment le Mahabharata. Nous explorons les sites emblématiques comme Bheem Pul, un étonnant « pont de pierre » naturel jeté au-dessus du canyon où gronde la rivière Saraswati. Si le temps le permet, nous visitons également la grotte védique de Vyas Gufa.

Nous revenons à Badrinath. Au cœur de cette ville sacrée, parmi les nombreux lieux de culte, nous découvrons le temple de Shri Badrinath Dham, également appelé Badrinarayana. Fondé au VIIIe siècle, le temple actuel, vieux de 400 ans, est dédié à Vishnou. Recouvert de peintures criardes et d’ornements colorés, il n’en conserve pas moins une aura spirituelle exceptionnelle, vibrante pour les pèlerins venus de tout le pays.

À la tombée de la nuit, les lieux s’enveloppent d’une magie subtile. Les sitars résonnent doucement en accompagnant les prières, et leurs mélodies envoûtantes semblent atteindre même les cœurs les plus endurcis. En redescendant, nous croisons des hommes qui, dans un silence presque sacré, se baignent seuls dans les piscines d’eau chaude.

Nous nous rendons à Lata (environ 2h de route, 2317 m), village de départ du trek vers le sanctuaire de la Nanda Devi, sommet majeur de l'Himalaya indien, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO pour sa valeur universelle. La « déesse de la félicité » culmine à 7 816 mètres d'altitude. Gravie pour la première fois en 1936 par Noel Odell et Bill Tilman, elle a longtemps paru inaccessible, entourée d'une ligne de sommets imposants, formant un système de crêtes circulaires de 110 kilomètres de long et d'une hauteur moyenne d'environ 6 000 m. Pour pénétrer dans le « sanctuaire », il faut franchir cette barrière, un accès encore largement interdit à ce jour. Aujourd’hui, ce sanctuaire est un parc national de 380 kilomètres carrés, composé de glaciers et de prairies.

Dans le village, nous prenons le temps de visiter le très ancien temple dédié à la déesse Nanda, surnommée « mère des eaux, des roches et des arbres ». Chaque année, autour du 15 septembre, se déroule ici l'extraordinaire Nanda Astami Festival, accompagné des sons des tambours et des trompettes, devant un autel de crânes de béliers. Ce festival est aussi appelé Brahma Kamal Festival, du nom de la rare fleur blanche et parfumée (Saussurea obvallata), utilisée comme médicament, aliment, fourrage, combustible, ornement et accessoire religieux. Elle est récoltée rituellement par la communauté Johaari, essentiellement animiste. Ce festival représente un exemple unique de la manière dont l’éco-conservation peut être menée en harmonie avec la religion.

Le trek traverse une forêt de pins, puis au fil d’un chemin caillouteux, jusqu'à Lata Kharak à 3 689 m. Nous atteignons un petit plateau, en limite de la forêt de bouleaux et de rhododendrons, où se trouvent quelques huttes en rondins.

Après le premier kilomètre de marche en traversée, nous arrivons à une bifurcation en T. À gauche, notre chemin se dirige vers la crête de Jhandidar, tandis qu'à droite, un sentier mène, en 3 km, à la crête panoramique de Saini Kharak, offrant une vue splendide sur plusieurs sommets : Nanda Devi, Bethartoli Himal, Devisthan I et II, entre autres.

Sur la crête de Jhandidar, parsemée de cairns à 4 210 m, l'horizon s'ouvre et de nombreux sommets cachés émergent : Dunagiri, Hathi, Ghodi, ainsi que la partie supérieure de Chaukhambha. La suite du trek s'étend sur environ 3 km le long d'une crête assez exposée, avec une succession de rochers et de dalles, rendant la progression plutôt exigeante. Cependant, la vue offerte depuis le col de Dharansi, à 4 250 m, récompense amplement ces efforts.

Depuis notre camp au col de Dharansi, nous partons aujourd’hui pour une magnifique excursion d’une journée en direction de Dibrugetha, une vallée alpine isolée et spectaculaire. La descente est raide sur environ un kilomètre, serpentant entre les roches et les pentes herbeuses. Nous sommes au cœur du sanctuaire intérieur de Nanda Devi, une zone strictement protégée et classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Dibrugetha offre des vues grandioses sur les sommets environnants. En raison de la réglementation stricte du parc national de Nanda Devi, l'accès à cette région est limité, ce qui lui permet de préserver une biodiversité exceptionnelle.

Nous revenons sur la crête de Jhandidar, où nous prenons un sentier qui nous mène à travers la jungle jusqu'à Tolma, en passant par l’aire de camping de Hitoli à 3 000 mètres. Avant d'arriver au village de Tolma, situé à 2 330 m, nous faisons un petit détour à travers les champs en terrasses pour admirer l'un des plus grands cèdres au monde.

Ce matin, nous avons une courte étape de marche depuis Tolma jusqu’au village animé de Suraithota, situé au bord de la route. Nous reprenons place dans les véhicules pour une belle journée de routes. Nous nous écartons de la rivière Alaknanda, pour prendre la route de Chopta. Pour les plus motivés, nous faisons une pause à mi-chemin pour réaliser une petite randonnée facile de 3,5 km (environ 2 heures aller-retour). Depuis le village de Chopta, direction le sanctuaire perché de Tungnath, à 3 475 m. Ce temple est le plus haut au monde dédié à Shiva. Un peu plus haut, à 3 658 m, se trouve l’oratoire de la crête de Chandrashila (Moon Rock), offrant une vue panoramique à couper le souffle. Les courageux sont récompensés par des panoramas splendides, avec en toile de fond les majestueux sommets de la Nanda Devi, du Chaukhamba et du Neelkhanta. Nous profitons d’une fin d’après-midi de repos à l’hôtel.

Tôt ce matin, nous rejoignons Gaurikund, point de départ de notre trek vers le sanctuaire sacré de Kedarnath. Une fois arrivés, nous commençons notre randonnée, qui nous mène à travers un chemin varié, tantôt pavé, tantôt terreux, pour parcourir les 16 kilomètres jusqu'au temple de Kedarnath, l’un des quatre grands lieux saints du Garhwal, aux côtés de Gangotri, Yamnotri et Badrinath.

Au fil des heures, la marche devient un spectacle vivant, avec une foule colorée et diverse de pèlerins : des femmes vêtues de saris éclatants, des sadhus en quête de méditation, des pèlerins transportés sur des mules, et des dignitaires ou voyageurs privilégiés dans des chaises à porteurs. Tous partagent le même objectif : se rendre au temple, dans une ambiance vibrante de dévotion et d’effervescence.

Environ 5 à 6 heures de marche nous conduisent à travers des paysages majestueux, où les montagnes se dressent tout autour, imposantes et majestueuses. À l’arrivée, le vénérable temple de Kedarnath, construit en pierre, apparaît au cœur de cet environnement austère et splendide, à 3 583 mètres d’altitude. L'atmosphère qui règne ici est unique, un mélange fascinant de spiritualité intense et de commerce coloré, avec des étals, des musiciens et des chants de dévotion qui se mêlent dans l’air frais de la montagne. La nuit se passe dans une auberge rustique, un lieu simple, mais accueillant. Repos bien mérité après cette belle étape et ces rencontres riches en émotions.

Ce matin, nous explorons le sanctuaire de Kedarnath et ses environs : le glacier imposant, les grottes de méditation, les pujas des prêtre-brahmanes et les vaticinations des sadhus. L'atmosphère est empreinte de sérénité et de spiritualité. Puis, après avoir absorbé la quiétude du lieu, nous redescendons à pied vers Gaurikund, où nos véhicules nous attendent pour nous conduire à Guptkashi, où nous avons le plaisir de nous réinstaller dans le même hôtel.

Nous quittons Guptkashi pour une journée de route de montagnes, en direction d'Uttarkashi, dans l’ouest du Garhwal. Un trajet de 5 à 6 heures nous attend à travers des paysages spectaculaires. En chemin, nous longeons la rivière Mandakini et traversons des villages pittoresques, offrant des vues impressionnantes sur les montagnes environnantes. À notre arrivée à Uttarkashi, pour nous dégourdir les jambes avec la visite du Nehru Mountain Institute (NMI), une académie d’alpinisme himalayen. Le campus est fascinant, et son musée de l’Himalaya nous plonge dans l’histoire et la culture des expéditions dans la région.

Nous rentrons dans le saint des saints aujourd’hui, avec un voyage de 3h de route sinueuse, nous hissant dans un décor montagnard somptueux et de belles forêts de pins. Ici, le Gange porte encore le nom de Bhagirathi et coule entre des gorges érodées. Arrêts éventuels aux thermes de Gangnani, mais surtout petite escapade pour aller parcourir et admirer l’incroyable passerelle de bois de Gartang Gali, ancien chemin caravanier vers le Tibet, suspendue en pleine falaise, au-dessus des gorges de la rivière Bhagirathi, et réouverte en 2021 après 59 ans d’abandon (guerre sino-indienne de 1962). Arrivée à Gangotri 3100 m en début d’après-midi, charmante cité de pèlerinage empreinte de mysticisme hindou, avec une large communauté de sadhus, de nombreux ashrams, et son temple dédié à la déesse Ganga bâti au plus près de la rivière sacrée. Gangotri est un des quatre Char Dham du Garhwal marquant les sources spirituelles des quatre fleuves sacrés : la Yamuna pour Yamunotri, la Mandakini pour Kedarnath, l'Alaknanda pour Badrinath et enfin le Gange pour Gangotri.

Nous sommes le 20 octobre 2025, jour de célébration de Diwali, aussi nommée Deepawali. La rayonnante fête des lumières est l’une des plus importantes pour les hindous, car elle symbolise la victoire de la lumière sur les ténèbres et du bien sur le mal. À Gangotri, dans l'État de l'Uttarakhand, ce jour marque non seulement la fête des lumières, mais aussi le début des cérémonies de clôture du temple de Gangotri pour l'hiver. Durant cette période, une procession solennelle est organisée pour transporter l'idole de la déesse Ganga depuis le temple de Gangotri jusqu'au village de Mukhba, situé à environ 20 kilomètres en aval, dans la vallée de Harsil. Cette tradition permet de continuer les prières pendant la saison hivernale, lorsque le temple principal devient inaccessible en raison des chutes de neige. Les festivités incluent des chants dévotionnels, des rituels religieux et l'illumination de lampes à huile (diyas), symbolisant la lumière triomphant des ténèbres.

Nous explorons la cité sainte de Gangotri, haut lieu de pèlerinage hindou dédié à la déesse Ganga. Nous visitons son temple sacré, où les fidèles affluent pour rendre hommage à la déesse. À proximité, les gorges de Gauri Kund offrent un cadre spectaculaire pour une courte promenade. Les chutes de Surya Kund, puissantes et tumultueuses, renforcent encore la beauté sauvage du lieu.

Dans les ruelles bordées d’échoppes, de dharamsalas et de sanctuaires, nous croisons des sâdhus en méditation ou en conversation, figures emblématiques de cette vallée spirituelle. On se souvient qu’autrefois, c’est ici, à Gangotri, que jaillissait le Gange, avant que le recul du glacier de Gaumukh ne le repousse plus en amont.

Nous adapterons notre journée au déroulé des festivités, afin de rejoindre le village de Mukhba. Au lendemain de la procession, la déesse Ganga est accueillie pour l’hiver, après avoir quitté son sanctuaire de Gangotri, fermé en raison du froid imminent. Les habitants en habits traditionnels, les prières chantées, les offrandes et les lampes allumées composent un moment de ferveur inoubliable. Nous assistons à cette cérémonie émouvante, profondément ancrée dans les traditions himalayennes.

Nous partons en milieu de matinée pour monter au camp de Bhojbasa, à 3 800 m. Par la rive gauche, nous remontons la vallée de la Bhagirathi puis passons le check-point qui marque l'entrée du parc national de Gangotri. La montée est régulière et le chemin pavé, idéal pour marcher.

Nous faisons une pause repas à Chirbasa (3 600 m) à l'ombre des derniers pins himalayens (chir). Quelques bouleaux (bhoj) agrémentent le paysage jusqu'à Bhojbasa (3 800 m). Du campement, nous pouvons observer les derniers rayons du soleil sur les trois pics du Bhagirathi : le Bhagirathi I, point culminant à 6 856 m, puis le Bhagirathi II à 6 512 m, et enfin le Bhagirathi III à 6 454 m.

Poussés par une sorte d’euphorie, nous parcourons les quelque deux kilomètres qui nous séparent de Gaumukh, la « Bouche de la vache ». Au fur et à mesure de notre ascension, le débit du fleuve se fait moins important. Difficile d’imaginer le géant d’Asie du Sud qui se jette dans l’océan au niveau du golfe du Bengale, après trois mille kilomètres de voyage épique, d’innombrables affluents et autant d’épisodes de la mythologie hindoue !

À l’origine, la « Bouche de la vache » était une sorte de grotte formée par un imposant glacier, mais en quelques années seulement, celui-ci a reculé de 150 mètres ! Aujourd’hui, réchauffement climatique oblige, on distingue à peine l’endroit d’où émergent les premières larmes du fleuve. À la sortie du glacier, le fleuve porte encore le nom de Bhagirathi. Ce fleuve mêle ses eaux à celles de l’Alaknanda, deux cents kilomètres plus au sud, pour donner véritablement naissance au Gange.

Le sentier vers Tapovan se fraie un passage sur les moraines latérales du glacier de Gangotri, une langue glaciaire recouverte d'une couche de débris rocheux qui cache la glace. Par endroit, de gros blocs affleurent néanmoins. Vers 4 100 m, il faut traverser le glacier pour gagner l'autre rive. L'altitude commence à peser sur nos organismes. Il reste encore un raidillon un peu casse-pattes de 150 mètres, mais l’ascension est rapide et bientôt apparaissent les prairies de Tapovan, à 4 350 m, au pied des géants de pierre et de glace que sont le Shivling (6 543 m), le Meru (6 660 m) et la triade des Bhagirathis.

Nous campons vers 4 400 m sur ce petit plateau idyllique, comme perché et coupé du monde. Un spot en apesanteur, une parenthèse de beauté pure !

Nous partons en balade en direction du camp de base du Kedarnath Dome, en contournant le Shivling par sa face sud, pour approcher le glacier de Kirti Bamak. En chemin, nous rencontrons quelques sâdhus qui vivent ici jusqu’aux premières neiges, retirés dans ces hauteurs chargées de spiritualité.

Cette journée libre à Tapovan est aussi l’occasion d’approcher la notion de samadhi, à la fois état d’union avec notre dieu intérieur (âtman) et absorption dans l’absolu (brahman). Le samadhi est l’état de pure conscience, le but ultime des pratiquants du yoga. C’est un état de bonheur, d’unification avec le Tout, de silence mental. On existe alors pleinement, comme faisant partie d’un Tout infiniment grand, bien au-delà du simple ego. C’est le lâcher-prise absolu.

Sur le plateau, les bharals broutent paisiblement. Si nous restons silencieux, nous pouvons les approcher facilement. On les appelle parfois les moutons bleus, à cause des reflets bleutés de leur pelage.

Devant nous, le regard est constamment attiré par le Shivling, splendide pyramide de 6 543 mètres, souvent considérée comme l’une des plus belles montagnes du monde. Pour les hindous, cette montagne sacrée représente le lingam de Shiva, le dieu protecteur qui veille sur les sources du Gange.

Une journée hors du temps, entre silence, présence et beauté.

Nous entamons la redescente de la moraine, en revenant sur nos pas jusqu’à Gaumukh, la « Bouche de la vache ». Nous repassons par cet endroit sacré où le Gange prend naissance. Le chemin nous conduit progressivement jusqu’à Chirbasa, à 3 600 m.

Nous quittons Chirbasa pour entamer notre dernière journée de marche. Le sentier descend doucement le long de la vallée de la Bhagirathi, offrant encore de beaux panoramas sur les cimes himalayennes. Nous croisons pèlerins et randonneurs montant vers les hauteurs, tandis que nous poursuivons tranquillement notre descente jusqu'à Gangotri. Repos bien mérité.

Après une bonne nuit de repos, nous repartons à pied ce matin, cette fois sur le versant sud, juste au-dessus de Gangotri. Le sentier grimpe à travers la gorge sauvage de Kedar Ganga, puis s’élève raide à travers une belle forêt de bouleaux. Nous atteignons le splendide site de camping de Bhoj Kharak, près d’une source claire, à 3900 mètres d’altitude.

Nous poursuivons notre ascension vers l’un des joyaux les plus secrets de l’Himalaya. En passant par Kedar Kharak (4350 m), nous atteignons Kedar Tal, le « lac de Shiva », à 4750 mètres. Sa couleur émeraude, nichée au pied des imposants sommets du Thalay Sagar (6904 m) et du Brigupanth (6772 m), nous coupe littéralement le souffle. Un lieu de toute beauté pour conclure en apothéose notre aventure en altitude. Le campement est perché haut, mais notre acclimatation est désormais optimale.

Tôt le matin, nous profitons de la lumière du lever du soleil sur le lac Kedar Tal et les parois vertigineuses du Thalay Sagar. Puis nous entamons notre longue descente jusqu’à Gangotri, les jambes un peu lourdes, mais le cœur rempli de ce que nous venons de vivre.

La route entre Gangotri et Rishikesh traverse les superbes paysages et ambiances himalayens, en suivant les gorges encaissées du Gange. Le trajet dure environ 8 heures, selon l’état de la route et la circulation. Il s’agit d’une longue journée de route, mais les panoramas sur les vallées et les villages de montagne rendent le voyage agréable. Une pause déjeuner est généralement prévue en chemin, souvent à Uttarkashi.

Nous rejoignons la gare de Haridwar, souvent animée, avec des pèlerins, des familles et des sâdhus mêlés aux voyageurs. L’ambiance est si singulière : vendeurs ambulants, chai brûlant servi sur le quai et à bord.

Le train serpente d’abord à travers les contreforts de l’Himalaya, traversant forêts claires, villages dispersés et rizières. Peu à peu, le paysage s’ouvre sur les plaines fertiles de l’Uttar Pradesh et de l’Haryana : champs de blé, canne à sucre, buffles dans les marais, scènes de vie paysanne. À mesure que l’on se rapproche de Delhi, le paysage devient plus urbain : routes encombrées, immeubles modernes, zones industrielles, gares secondaires et marchés aux abords des voies.

Nous nous installons dans un quartier calme de New Delhi.

Nous débutons la journée dans le cœur historique de la capitale : Old Delhi. Ici, les ruelles s’entrelacent dans un joyeux chaos de rickshaws, d’échoppes et de senteurs d’épices. Nous visitons la majestueuse mosquée Jama Masjid, l’une des plus grandes d’Inde, construite par l’empereur moghol Shah Jahan. Depuis son parvis, une vue panoramique sur le vieux quartier s’offre à nous.

Puis, immersion dans le bazaar de Chandni Chowk, véritable labyrinthe vivant où se mêlent bijoutiers, marchands de tissus, vendeurs de street food et vieilles échoppes de médecine ayurvédique. Une balade en rickshaw à travers ces ruelles animées ajoute une touche locale et ludique.

Nous faisons ensuite une pause spirituelle au Gurdwara Bangla Sahib, l’un des plus importants temples sikhs de Delhi. L’atmosphère y est paisible et accueillante, et nous découvrons la tradition du langar, repas gratuit partagé entre tous, quelle que soit leur origine.

Dans l’après-midi, changement d’ambiance avec les vastes allées bordées d’arbres de New Delhi, la ville impériale dessinée par les Britanniques. Nous visitons le magnifique tombeau d’Humayun, joyau précurseur du Taj Mahal, entouré de jardins persans. Ce site inscrit à l’UNESCO offre une pause élégante et tranquille au cœur de la mégalopole.

Selon le temps disponible et les envies, nous pouvons aussi faire un arrêt photo à l’India Gate et à la Rashtrapati Bhavan, le palais présidentiel, symboles du Delhi contemporain, ou tout simplement un peu de temps libre.

En soirée, dans la nuit ou tôt le lendemain matin, selon vol choisi, transfert à l’aéroport.

Bon retour !